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DJ Premier: « Je suis un ‘Street DJ’. Les street DJs font ce qu’ils veulent »

DJ Premier: « Je suis un ‘Street DJ’. Les street DJs font ce qu’ils veulent »

DJ Premier/Photo par PIB

Sa nouvelle collaboration avec KRS One, la situation de son label Year Round records, son point de vue sur les DJs d’aujourd’hui, entre autres sujets : DJ Premier, de passage à Tourcoing, s’est entretenu avec la Voix du HipHop. L’interview a été réalisée au printemps 2011, et est toujours d’actualité. Comme vous le constaterez vous-même.

Tu comptes sortir “Return of the Boom Bip” avec KRS One. Qu’est-ce que vous cherchez à prouver tous les deux alors que vous avez déjà réalisé un classique avec “Return of the Boom Bap” en 1993 ?
Le challenge est de démontrer qu’on est toujours forts, qu’on est toujours authentiques. Return of the Boom Bap date tellement que refaire un album ensemble et de rester « funky », c’est aussi un grand plaisir. On ne cherche pas à faire mieux que Boom Bap mais juste reprendre là où on s’est arrêté ! Ce sera un énorme album !

Avec le temps, comment la perte de Guru t’affecte-t-elle d’autant plus que tu n’avais jamais abandonné l’idée de sortir un nouvel album de Gangstarr?
J’ai encore du mal à accepter qu’il soit mort. Il me manque tous les jours. C’est vraiment triste qu’il soit parti. Ca prend du temps pour s’en remettre. Mais on doit continuer à avancer dans la vie. Mais, c’est vrai que tous les jours je l’entends à travers la musique, on joue nos titres dans les concerts.. Son esprit est avec moi, dans mon cœur. Je le porte.  C’est mon énergie.

Tu as désormais ta propre équipe de producteurs maintenant avec Gemcrates et Moss. Pourquoi avoir fait le choix de ces deux-là ?
Gemcrates, à la base, est mon assistant mais il fait des beats. Comme ce qu’il fait est vraiment pas mal, je lui demande de continuer et de me les soumettre pour lui trouver des opportunités de les vendre. Mais je fais en sorte qu’il soit crédité pour ce qu’il fait. Il fait le beat, c’est précisé produit par Gemcrates. Moss et Gemcrates font tous deux un style de Boom Bap mais différent de ce que je fais. Moss est dans un tout autre style mais j’aime ces beats parce qu’ils sont originaux. J’aime l’originalité.

Tu as été très critique sur la manière dont le HipHop est  produit et joué, notamment dans les albums “moment of truth” et “the ownerz”. Quel est aujourd’hui le problème avec les DJs des radios et des clubs ?
Il n’y a rien de mal avec ces DJs de radio ou de clubs, c’est juste que je n’aime pas entendre constamment la même chose dans tous les clubs. Je viens d’une époque où chaque DJ se devait être différent des autres DJ. Je ne veux pas entendre le même DJ faire la même chose dans tous les clubs. Parce que sinon, tu es un robot, tu donnes l’impression d’avoir été programmé. Personnellement, je ne joue pas ce qui est populaire dans les clubs. Il y a une audience au-delà des DJs de radios ou de clubs. Je suis un « street DJ ». Les street DJs font ce qu’ils veulent. Ce sont ces DJs que je respecte.

Où en est ton label Year Round? Depuis 2010, nous attendions l’album de NYGz mais à la place nous n’avons récemment  que deux singles celui de Nick Javas (« Not a game ») et celui Khaleel (« Hot flames »), sans compter la compilation du label. Quelles sont les sorties à venir dans les mois à venir et quelles sont les ambitions du label ?
L’ambition du label est simplement de produire du HipHop original et le type de musique que je suis habitué à faire. Nous voulons perpétuer la tradition en quelque sorte. Et pour cela, il faut avoir son propre label et sortir ce que tu veux, quand tu veux.

On a sorti « Welcome to the G-Dom » des NYGz en 2008, “Tha Blaqprint” de Blaq Poet en 2009. En 2010, je n’étais pas prêt pour le second album des NYGz, il y avait encore 2 morceaux à faire pour le compléter. Il fallait rester productifs et sortir quelque chose. Alors on a sorti cette compilation pour marquer notre présence pendant que derrière je bosse et termine les albums de Nick Javas (qui a quitté le label entre temps), Khalil, MC Eiht (« Which way iz West ? ») et des NYGz (« Hustlaz Union: Local NYG » ).

Etre le boss d’un label et le producteur, en même temps, sont deux rôles différents et parfois ces rôles sont parfois conflictuels, comme tu en as fait l’expérience en tant qu’artiste. Comment tu gères ces situations maintenant avec ton label Year round ?
Gordon (aka Gordon Franklin aka Biggest Gord) gère le label avec moi. On se connaît depuis que nous sommes étudiants. Il m’a vu évoluer dans le business de la musique depuis le début. Nous savons et comprenons tous les deux les différents rôles à jouer. Je sais jouer le rôle d’artiste, mais aussi celui de producteur exécutif. En général, je me concentre sur la musique et faire en sorte qu’elle soit bien faite. Et lui, il se concentre sur le côté business. Mais j’ai quand même le dernier mot sur cette partie également. Quand il me présente quelque chose, je regarde et je peux dire oui ou non.

Tu as sorti il y a quelques années, l’excellente mixtape de Teflon “Bad Newz” sur Work of Mart. Où est-il aujourd’hui ? Et où en est son album « Contraband » ?
On a fini cet album. On l’a mis à jour. Joell Ortiz est dedans, MOP, Jaguar Wright… L’album est puissant. Il y a également des productions de Agallah, de GQ Beats, entre autres… L’album va arriver !

Quel est ton Top 3 des producteurs de ces dernières années ?
Marco Polo est à coup sûr dans la liste. J’ai vraiment apprécié l’album avec Rustee Juxx (« The Exxecution ») mais aussi celui avec Torae (« Double barrel »). Je dirai aussi Illmind. Et enfin, je dirai J.U.S.T.I.C.E. League.

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