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H.E.M.O : « Notre but est de sortir de la qualité, des classiques. »

H.E.M.O : « Notre but est de sortir de la qualité, des classiques. »

Nous avions découvert H.E.M.O ( aussi connu sous le nom de M.O.M.S) sur le label AllMade records (de Jean-Pierre Seck) en 2007. Auteur de multiples projets depuis lors, il a sorti en début 2020, un EP « Galactica » qui a particulièrement attiré notre attention. C’est tout le sujet de cet entretien, qu’il a accordé à la Voix du HipHop.

Peux-tu nous faire une présentation de ta personne et au passage nous donner les grandes lignes de parcours?
J‘ai grandi dans le quartier du pont du Routoir à Guyancourt dans les Yvelines. Je rappe depuis tout jeune. Je me suis fait un nom dans mon secteur au plutôt un pseudo. Mon Prénom, c’est Momar, on m’appelle Mom’s depuis la Primaire. Donc, j’ai naturellement choisi ce pseudo. En tant que MC, dans mes morceaux, j’avais pour habitude d’épeler mon Blaz « M.O.M.S ». C’est devenu juste Hemo avec le temps. J’ai toujours étais en indé par choix. C’est devenu plus sérieux avec AllMade. Puis je me suis auto-produit. C‘est comme ça que j’aime avancer.

La première fois que j’ai entendu parler de Moms, c’est avec Le street album « Excelle en excellence », sorti en 2007 sur Allmade, le label de Jean-Pierre Seck donc, puis différentes apparitions sur différentes compilations, tapes, mixtapes, le EP.  » Maintenant Ou Jamais  » (2012), M.O.M.S. – Dactylopathe (2012), E.P. H.E.M.O, E.P. » Octogone  » (2015), et aujourd’hui « Galactica ». Plus de 4 ans se sont écoulés entre ce nouveau projet et ton ep  » Octogone « . Qu’est-ce qui s’est passé en ce qui te concerne durant cette période ?
Entre Octogone et Galactica, Beaucoup de choses se sont passées. J’ai commencé à réaliser des vidéos. J‘ai réalisé beaucoup de clips pour d’autres rappeurs, un court-métrage avec Kluzzz, et d’autres projets avec mon pote Aliou Niakaté un réalisateur de talent.. Beaucoup de projets audiovisuels. J‘ai commencé le beatmaking aussi.

Combien de temps pour la réalisation de « Galactica » , de l’écriture à l’enregistrement jusqu’au mixage final?
Galactica, c’est le projet qui m’a reconnecté avec le son. J’ai changé ma manière de bosser et je suis devenu très productifs car j ‘ai vraiment lâché prise, je ne me force pas. Un jour, je suis parti chez mon assoc Kluzzz, on parlait de musique, de Alchemist, Havoc, Daringer, V-don, du sampling. Puis, il a commencé à faire un beat, je me suis mis à écrire, on a posé dans la foulée, et on ne s’est plus arrêté. On s’est retrouvé avec énormément de morceaux. On a décidé du concept Galactica. Car on vient d’un autre délire, une autre planète, on vient envahir ce game. On a sectionné et ordonné 8 titres dont une intro, Kluzzz a mixé, j’étais là à chaque étape du mix, on vraiment tout partagé. Galactica est né, c’est notre bébé.

Estimes-tu avoir sorti ce E.P. dans de bonnes conditions ?
Galactica est sorti comme on le voulait, c’est notre présentation. C’est le premier projet de notre label. Il annonce la couleur, on préfère le sortir en numérique d’abord sur notre bandcamp. Bien sûr, on est une petite structure, mais on bosse dur. Notre but est de sortir de la qualité, des classiques. On ne fait pas de compromis, on sort ce qu’on veut, quand on veut. Nous sommes nos propres producteurs, on réalise nos clips.

Un E.P. qui est sorti sur Dyapazon Recordz, c’est le Label que tu as fondé avec le Beatmaker Kluzzz. Donc depuis combien de temps ce label existe ? quel est son objectif ? et Y-a-t-il déjà d’autres artistes signés ? Peut-on en savoir un peu plus ?
Je me suis auto-signé sur mon propre Label, notre propre Label à Kluzzz et moi. DYAPAZON RECORDZ a été créé pour sortir nos projets communs, les Albums d’Hemo, et les Albums de Kluzzz. Parce qu’il prépare aussi des albums d’instrus. On se concentre sur nous pour l’instant, mais il n’est pas dit qu’on s’occupe d’autres artistes dans un futur proche.

« Galactica », c’est également la combinaison de 2 artistes, notamment un mc et un Beatmaker , au passage comment s’est faite la rencontre avec Kluzzz ?
Kluzz et moi on se connait depuis très longtemps. Il a réalisé mes premiers clips, il y a plus de 10 ans. On s’est lié d’amitié depuis cette époque, on a travaillé ensemble sur beaucoup de projets vidéos. On a même fait un court métrage ensemble, « LE PROCHAIN « . Kluzzz, c’est la miff !

Notre but est de sortir de la qualité, des classiques. On ne fait pas de compromis, on sort ce qu’on veut, quand on veut.

Comment avez-vous travaillé ce 8 titres ? Puis que kiffes-tu chez Kluzzz, quelles sont ces principales qualités en tant que beatmaker/producteur?
Kluzz, c’est un génie. C’est un compositeur, ingénieur autodidacte, plus de 20 ans dans la musique. Il a une expérience de fou, dans la musique mais aussi la vidéo. On se comprend, on se complète, c’est un passionné et un bosseur acharné, je ne crois pas qu’il dorme ce mec. Sa qualité première, c’est qu’il es réactif et surtout il fait ce qu’il dit.

 » Fils d’une abeille tueuse et d’ un couteau papillon, je me fous de me planter, j’ ai tellement fait d’ arrêt, que je suis à cran » : Tu te plais à jouer avec les mots, les syllabes, les sonorités, exploiter la langue de Molière, son vocabulaire, user d’images, de métaphores et de punchlines. C’est d’ailleurs ta marque de fabrique, je crois. Justement à quel niveau estimes-tu avoir le plus progressé depuis « Dechiffre Des Lettres »?
Depuis « Excelle en excellence », mon écriture s’est affinée et simplifiée. Simplifiée dans le bon sens. Mon écriture, c’est de la sculpture, je coupe par ci et par là. Je rajoute. J’enlève. Vraiment, je prends du plaisir, c’est un kiffe. J’ai plus de recul, plus de vécu, j’essaye vraiment d’être moi-même et de ne pas jouer de rôle. Pendant que Kluzzz compose le beat, moi je suis à côté, j’écris sans jamais me prendre la tête. Je prend ce qui sort.

 » R.A.P. on m’a dit, n’arrête pas de semer, un jour tu verras le blé. » R.A.P. est un titre très attachant qui mêle justement fond, forme et flow, réalité et espoir avec un regard éclairé. Qu’est-ce que tu aimes réellement dans ce mode d’expression, autrement dit qu’est-ce qui te motive encore à rapper?
Ce qui motive, c’est la passion pour le son. J’aime ça, les métaphores les images, les punchlines, les rimes multisylabiques, je parsème mon histoire dans tout ça. C’est mon style, ma technique. Je ne sais pas faire autrement. L ‘envie me motive encore, quand l’instru est bonne, ça m’inspire. Donc je ne suis pas encore prêt d’arrêter.

Aujourd’hui tu rappes pour qui et pourquoi ?
Pour qui ? je rappe pour moi, en premier, c’est sûr, et les amoureux de la plume et du bitume. Mon rap n’est pas vulgaire mais très réaliste et mature. C’est pour tout le monde, mais ça me va très bien
pourquoi ? Parce que je suis bon là dedans.

Sur le titre « J’appartiens », tu as pour refrain « Citoyen du Monde, Seule la Mort pourra m’expatrier/ Patriote apatride, Je ne suis pas de leur papier  » : Que réponds-tu à celles et ceux qui te disent qu’ils connaissent pas de citoyen hors-monde ? ou encore  » Citoyen du Monde « est un autre délire du monde occidental » ? Au final comment devons-nous comprendre ce titre et son refrain ?
Je suis né en France et d’origine sénégalaise – mauritanienne. J’ai connu mon pays tard. Ma mère avait carrément coupé les ponts avec sa famille au pays, donc je ne me sens patriote envers aucun pays. Mes amis ont des origines et des couleurs différentes et nous sommes très liés. On crée notre propre patrie. Je ne serai jamais nationaliste. Je n’ai pas de drapeau, je n’ai pas cette fibre et j’en suis heureux. J ‘ai eu la chance de grandir dans un quartier populaire.

Comment tu interpréterais cette phrase « Prendre soin de ces proches, c’est faire gaffe à sa peau » ?
Si tu es mort, tu ne peux plus pas prendre soins des tiens.

Lyricalement on est dans un univers très imagé, entre introspection, description d’un monde au mauvaise santé, état des lieux, égotrip, volonté de réussir, et faire mieux qu’hier. « Entre les lignes tu pouvais voir que c’était critique. Si aujourd’hui je me livre, c’est que notre histoire était écrite », extrait de Cornemuse, certainement le titre le plus émouvant du E.P. Sur cette production de Kluzzz, tu te mets totalement à nu alors que durant tout le disque nous pouvons sentir une certaine retenue, une certaine pudeur dans l’expression de tes expériences. Qu’est-ce que tu aimes dans cette exercice ?
C’est vrai que j’ai une certaine pudeur à parler de mes propres expériences. C’est comme, si j’étais insensible à ce que j ‘ai vécu, pour moi c’est normal. Pour « cornemuse », c’est ma grande soeur qui m’a rappelé notre enfance, car elle écrivait un livre qui parle un peu de nous. C’est arrivé en même temps que l’enregistrement de Galactica. Lorsque que Kluzzz m’a présenté la prod, elle s’appelait déjà cornemuse car il avait samplé cet instrument. Le titre m’a inspiré de suite est c’est sorti tout seul.

Galactica, c’est le projet qui m’a reconnecté avec le son!

Sur ce E.P, la seule personne avec qui tu partages réellement le mic, est Ayelya, sur le savoureux « Milky Way ». Comment s’est opéré le choix de ton invitée et qu’apporte-t-elle ou qu’est-ce qu’elle est sensée apporter selon toi ?
Ayélya et Kluzzz se connaissent depuis un bail. Elle est venue au studio, on a écouté des prods, parlé de nos influences. J’avais une petite mélodie dans la tête, elle a commencé a nous donner sa vibe, vraiment une bonne ambiance de taff. On a commencé à travailler le refrain ensemble, ça s’est passé très vite, elle est rentrée dans la cabine c’était le feu. Milky Way est né, elle a apporté de l’émotion et a rendu le titre plus suave.

Galactica est un mini-album avec un grand nombre de titres mises en image « Bob Bull Hurley »,  » F.F.F », « R.A.P », « J’appartiens » et « On Vous N ». Quelle importance accordes-tu à l’image dans ta musique et est-ce que l’ère du visuel a changé ta manière travailler tes créations ?
Je réalise ou je co-réalise avec Kluzzz tous mes clips, la vidéo et la musique c’est notre passion.

Le E.P. se termine par l’efficace « On Vous N », le titre lui-même, est un jeu de sonorité puis un jeu de mots qui peut avoir différentes interprétations (avec en fil conducteur le sample de « La-La Means I Love You » du groupe The Delfonics), un exercice de style qui met aussi en avant ta marque de fabrique, et au passage il y a également un clin d’oeil aux Haters. Que représente pour toi ce que l’on appelle le style libre ?
Je pense que quand on ne suis pas un thème bien précis on dit que c’est freestyle. Mais moi je ne pense pas comme ça, Je ne m’impose pas de thème, je préfère parler d’ambiance bien sûr. Il faut une cohérence, « Style libre ». Pour moi, ça ne veut rien dire, tout peut être un freestyle. Tu peux parler de différent sujet sur un freestyle. Ce n’est pas forcément un egotrip, ça peut être en live sur une radio, ou sur une face b sur une mixtape. Ce qui m’intéresse c’est la manière, il faut que ça kick !

Que doit-on comprendre dans les choix ingénieux de ce titre et de ce sample ?
Comme je disais, quand j’écoute la prod, l’inspiration vient et je vois ce qui sort. C’est assez marrant de parler des Haters sur un fond de « I love You », on répond à la haine avec de l’amour.

Peux-tu nous donner 3 raisons d’écouter « Galactica » ?
1 Forme
2 Fond
3 Flow

Y-a-t-il un mot de la fin ?
Merci à La Voix du Hiphop on vous aime. Et le EP PREMIUM vient de sortir…

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