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Anonyme

Anonyme

Anonyme est nouveau dans le paysage du rap régional. Le rappeur nous expose ses projets et explique pourquoi il faut miser sur le HipHop à Roubaix.

Qu’est ce qui t’as ramené dans la musique ?

Je dirai que c’est l’écriture. J’étais prédestiné à faire du HipHop, mais j’ai toujours beaucoup écrit, j’aurais très bien pu faire du slam, ou pas mal d’autres choses à variante HipHop car mes textes tournaient vachement autour de ça. J’écrivais beaucoup, et il y a un de mes potes qui m’a dit que c’était pas mal. Il m’a présenté à des amis à lui, c’est ce qui m’a ramené le support musical, on a commencé à bosser comme ça.

 

Pourquoi, à ton avis, le rap est encore aujourd’hui pas mal assimilé à la violence?

Le problème c’est qu’aujourd’hui il y a 2 catégories dans le rap : il y a une haute sphère, qui fait un peu ce que tout le monde a envie d’entendre, c’est-à-dire du HipHop variété, un truc qui peut passer à la Star AC, et n’importe où. Et à côté de ça, il y a des vrais puristes dans les quartiers, des vrais activistes du HipHop, qui valorisent vraiment le HipHop par l’écriture et le message délivré. Ce qui se passe dans les quartiers n’a pas vraiment changé, c’est la même chose qui se répète depuis 10-20 ans, c’est juste plus modernisé.

Mais quand on prend une ville comme Roubaix, qui est plus moderne qu’avant, ce ne sont plus les ghettos comme avant, il n’y a plus de raisons de prôner la violence gratuite. J’ai toujours été contre la violence gratuite.

 

Que penses-tu du  monde HipHop dans la région ?

Moi je suis arrivé et on m’a dit que s’il fallait faire quelque chose dans le HipHop, c’était le bon moment, car il commence à y avoir la vague et faut surfer dessus. Je ne connaissais personne, on m’a présenté et à partir de là je me suis rendu compte que c’était une grande famille, il y avait plein de gens qui rappaient, et mixaient, il y avait vraiment une bonne organisation, le seul problème, c’est qu’il n’y avait pas vraiment de lien entre les gens. On faisait tous notre truc, mais chacun de notre côté. Je pense que si on arrivait avec un gros collectif, avec un seul nom, ça aurait d’autres débouchés. Par l’intermédiaire de Foudealer, on m’a présenté pleins de gens. J’ai rencontré un norvégien, par exemple, Atlas, un très bon rappeur. C’est ce que j’appelle des bonnes connections, des gens avec qui j’ai envie de bosser.

 

Le rap a-t-il perdu son côté contestataire ?

Non, je ne pense pas, mais il y a beaucoup de gens qui sont resté enfermés sur les mêmes sujets, dans les conflits  « Jeunes, Etat, Police ». Il y a d’autres choses qui sont importantes là maintenant. On s’est beaucoup battu contre les gens mais on s’est aussi beaucoup battu entre nous, il y a beaucoup de gens qui ont du mal à se mélanger, il faut diversifier les sujets.

 

Est-ce que tu accordes beaucoup de temps à l’écriture ?

Oui. Il y a des gens qui vont se lever le dimanche et passer toute la journée sur la console, moi c’est pareil avec l’écriture. Il y a des jours avec et des jours sans. Certains arrivent à s’en sortir parce qu’ils ont des gros sons derrière, mais moi je sais que j’ai toujours écouté de la musique qui me prenait aux tripes, parce que le sujet m’intéressait, parce que l’écriture était là, et je pense que la retombée des rimes c’est ce qui fait le morceau.

 

Quelles sont tes principales influences musicales et lyricales ?

Au niveau musical, il y a vraiment beaucoup de chose, j’ai toujours écouté de tout, beaucoup de rock, de métal et encore maintenant. Au niveau lyrical, je vais être très commun, comme tout le monde ici, j’ai été bercé par le rap marseillais, j’ai beaucoup écouté IAM quand ils ont sorti « Ombre est lumière » et « L’école du micro d’argent ». J’ai aussi beaucoup aimé NTM, je ne pense pas qu’ils étaient aussi forts qu’IAM au niveau lyrical, mais ils avaient quelque chose de plus.

 

Comment se sont faites la rencontre et la fusion avec Magik ?

Par le travail, parce qu’on travaillait au même endroit. Un ami commun nous a présenté, ça fait longtemps qu’il bosse dans un groupe de reggae. Ils ont une salle de répétition, ils ont fait quelques petites scènes, mais ils ne font que des reprises. Il joue plusieurs instruments, et il a un grain de voix particulier. J’étais en studio en train d’enregistrer le morceau « La vie qu’on mène », normalement c’est moi qui étais supposé faire le refrain, on a fait un essai et il m’a balancé un truc qui apportait carrément une autre dimension au morceau, il apportait l’énergie et à la fois la mélancolie qu’il fallait, à la suite de ça on a enregistré un autre morceau que j’étais supposé faire avec quelqu’un d’autre mais ça ne s’est pas fait, de là est né un projet, on a rencontré un DJ qui nous a fait des productions. C’est toujours moi qui suis à l’écriture, mais lui, il apporte une autre dynamique.

 

Est-ce que tu désires ramenés ta musique en live avec notamment des musicos?

Tu as touché un point sensible, son groupe de reggae est vachement intéressé par notre projet, il y aura des instrus, mais aussi de l’électro, on est occupé à essayer de monter un projet scène. C’est un truc qui nous tient à cœur.

 

Pourquoi Roubaix a du mal à exploser ?

A : Le problème avec la culture à Roubaix, c’est que la ville donne l’impression d’avoir envie que ça bouge, mais on ne sait pas comment ils veulent que ça marche. Il faut dire qu’on traîne le fardeau du HipHop sur nous, il y a eu pas mal de concerts qui sont partis sucette, c’est un lourd boulet, et forcément quand tu arrives pour défendre un projet, ce n’est pas génial. On a tendance à dire que Roubaix est une ville à problème, mais c’est surtout dans les villes à problèmes qu’on déniche des vrais talents. Comme dans le sport et la musique, il faut les dénicher assez tôt, je pense que c’est un manque de structures. Il y a beaucoup de gens qui ont des envies, mais tout le monde ne peut pas se payer du studio d’enregistrement.

 

Peux-tu nous dire quelques mots sur ton collectif « La Pir’Espèce » ?

Pour moi c’est une pseudo famille d’adoption, j’ai su qu’avant, il y avait beaucoup de breakeurs de Roubaix, ensuite des MC se sont ajoutés, puis le mouvement s’est essoufflé, et foudealer a repris le nom, on bosse tous sur ce label, mais on est tous indépendant, on se retrouve pour certains projets estampillés et La pirE’spèce. Ca ne veut pas dire que nous sommes des mauvais garçons, mais ca veut dire qu’on peut vous en faire baver.

 

Quels sont les projets en prévision avec ce collectif?

Pour le moment, aucun avec le collectif La PirE’spèce, car on a passé beaucoup de temps sur le projet « De l’ombre à la lumière », là on est parti un peu sur nos projets solo, notre but premier était de lancer foudealer, c’est l’artiste qu’on voulait mettre en avant. Maintenant il bosse sur ses projets en sous-marin. Moi, mon univers s’est élargi, on avait chacun besoin de prendre des distances, taffer chacun de notre côté pour ne pas faire du copier coller des uns et des autres, par contre on traine toujours ensemble.

 

Et tes projets personnels ?

Il y a d’abord, le site internet qu’on a lancé, www.anonyme-rap.com c’est une première ébauche, on veut une vraie interaction entre les internautes et nous. Je suis en studio en ce moment pour enregistré l’album « Sans frontière », avec Magik, c’est un tout nouveau projet, qui reste HipHop, mais avec d’autres variantes, on a pris beaucoup de temps à l’écriture et à l’enregistrement, on espère le sortir au printemps, c’est avec celui là qu’on va essayer de se promouvoir au maximum et de faire des scènes.

 

Le mot de la fin ?

Moi je suis nouveau dans la musique j’espère que ce que je fais vous plaira. On est parti pour continuer car c’est un grand kif, je souhaite bon courage à tous ceux qui sont dans le mouvement, il en faut si on veut réussir.

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