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Tasco : « Je prends du plaisir à produire mais ma 1ère discipline est l’écriture »

Tasco : « Je prends du plaisir à produire mais ma 1ère discipline est l’écriture »

Originaire et basé à Rouen, en Normandie, Tasco est un MC et producteur mais surtout un artiste passionné qui a de l’amour pour les mots et qui redonne également au rap ses lettres de noblesses. Il s’est entretenu avec La Voix du HipHop à l’occasion de la sortie de son projet, «Deadline».

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Qui est Tasco ?
Je suis un MC, Producteur basé à Rouen. Ancien membre du groupe S.IST avec entre autre DELA (Atmosphère Airlines, Translation lost).

Ton actualité c’est notamment « Deadline », ton premier disque solo, un opus composé de 10 tracks, sorti dernièrement (courant du mai 2016)… Combien de temps il t’a fallu pour la réalisation de ce projet, de l’écriture à l’enregistrement?
Impossible à dire, la réalisation de ce projet a été fragmentée. On va dire que je me suis mis à travailler sérieusement 1 an avant que le projet sorte.

« Je rappe que des sacs d’images, de galérien comme si du reste j’en avais rien à battre », phrase extraite de « Rien à battre », premier titre du EP qui annonce plus ou moins la couleur de ce qui va suivre….Dans quel état d’esprit as-tu entrepris ce EP?
A la base, Rien à battre, ne faisait pas parti du projet, c’était un morceau destiné à sortir en cadeau, je l’ai rajouté à la dernière minute de réflexion que j’ai eu pour sortir le projet. Je l’ai enregistré il y a presque 5 ans.
Mais l’état d’esprit dans lequel j’ai entrepris DeadLine est juste celui d’un passionné qui souhaite faire de la musique et aller au bout d’un projet.

Musicalement Deadline nous plonge dans un rap aux compositions nourries de Soul, Funk, parfois Jazzy avec des gros kicks pour le rythme. On baigne également des ambiances planantes, on retrouve parfois des productions électroniques qui se rapproche de la Trap… Quoiqu’il en soit le sample est à l’honneur, les scratches ont leurs places, les codes du HipHop sont respectés. Il y a différentes références cinématographiques notamment dans les phrases qui animent les titres. Est-ce que tu t’es donné une ligne directrice dès le début ou pas du tout?
Non pas du tout, je faisais des morceaux au feeling, certains ont remplacé d’autres. A la fin j’ai fait des choix, le projet est passé d’une vingtaine de titres à 9, quelques titres ne figurant pas sur DeadLine sortiront sur DeadLine Part 2.
Mais si tu me parles de ligne directrice, je dois dire que le temps qui passait finissait par m’obséder et devenir un Angle évident. De la procrastination est né le concept, dans le morceau Folie, je trinque à ce paradoxe.

Quelles sont tes armes de prédilection pour la conception musicale, tu bosses comment la création ?
Je bosse avec la même version de samplitude depuis presque 10 ans sur un PC qui a presque le même age. J’utilise des samples, les claviers Microkorg et Little Phatty, j’utilise aussi quelques que Plug In comme Absynte.
Pour les voix, j’ai enregistré avec un MacBook, un prodipe à 40e et une Apogee Duet 2. Je parle de tout ça au passé car la configuration change. Je compte avoir un rapport plus intuitif avec la conception de ma musique. J’aime aussi l’idée de faire intervenir des musiciens comme sur Soir de pleine lune et Vague à l’âme, Nicolas Josef Fabre à joué de la trompette,  je veux enrichir ma musique de ce genre de collaboration.

D’ailleurs, tu signes toutes les productions si je ne me trompe? Est-ce que c’est par volonté de tout contrôler de A à Z, ou pour d’autres raisons?
Je prends du plaisir à produire mais ma 1ère discipline est l’écriture.  J’ai en ce moment besoin avant tout de me concentrer là-dessus. Il y aura des collaborations avec d’autre producteurs pour les prochains projets.

Ton top 5 des Beatmakers ces 5 dernières années?
Il y a plein de beatmakers venant de partout dont j’apprécie le taf, donc pour en citer 5, je vais te faire une sélection strictement Française :
Astronote
JustMusicBeats
Richie Beats
Myth Syzer
Soufien3000

L’expression est à la hauteur de l’habillage musical, la rime est soignée, le rap est réellement imagé, entre introspection, ambiances intimes, regard sur la société, lancée de pavés sur l’industrie, thèmes qui sentent l’urgence… Est-ce qu’il y a un ou plusieurs titres sur le ou lesquels il t-a fallu davantage de temps en terme d’écriture ? Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Le titre « De l’huile sur le feu » a demandé plus de temps, la 1ère moitié est venue d’une traite mais la 2ème j’ai du forcer un peu pour garder l’intensité. Dans un morceau de 2 ou 3 couplets c’est des fois le 1er le meilleur, je travaille pour que tous les couplets soient bons.

Toi qui «a de l’amour pour les mots », crois-tu également au pouvoir de ces mêmes mots ?
Oui, je crois au pouvoir des mots mais l’interprétation détermine leur impact, il faut mettre le ton. Je compte d’ailleurs plus travailler dans ce sens à l’avenir. Si les mots étaient des balles, l’interprétation serait une arme.

 » Ce milieu donne parfois envie dégueuler, ça me coupe pas l’envie de déjeuner… Sers-moi un steak je vais le dévorer  » : Qu’est-ce qui te désole aujourd’hui dans le rap, au point d’en avoir un peu honte d’être dans cette discipline de la culture HipHop ?
Non, ça ne me désole pas. Je dirais plutôt que ça m’amuse et me sert d’angle pour faire ce morceau moitié égotrip moitié constat sur le milieu. Je n’ai pas honte d’être dans cette discipline, mais si le ridicule tuait, il y aurait un tas de défunts dedans.

Peux-tu nous parler un peu de la scène locale de Rouen?
Il y a plein d’artistes talentueux et méconnus à Rouen. Entre autres, je pense à Jean Baptiste ex UnSaleNoir,  Mod Efok avec son projet Légitime Déviance, Kal, Dokou, et des jeunes artistes comme YungSham,  Matari et Crimson ou MirzuConnex. Il y a aussi des mecs de l’ombre qui travaille en Studio comme Masta et WallStark du 122 Cobaye et des centaines d’autres.

Quels avantages tires-tu d’être situé à Rouen artistiquement ?
Je ne trouve pas vraiment d’avantage d’être basé à Rouen. On n’est pas loin de Paris mais peut être un peu trop proche pour se laisser endormir. Rouen est une ville qui dort par rapport à la culture du HipHop, je trouve. Il y a plein d’artistes mais les structures ne suivent pas ou alors, elles donnent l’illusion de suivre.

En référence aux « Soirs de pleine lune » notamment, quand as-tu rappé toute une nuit ou toute une soirée pour la dernière fois ?
Quand je travaille, c’est exclusivement la nuit donc ça fait seulement quelques jours.

Quel est l’objectif de  » Deadline  » ?
Il n’y a pas vraiment d’objectif. J’ai voulu aller au bout d’un 1er projet, maintenant je passe à autre chose. Le DeadLine Part 2 qui va sortir a été fait durant la même période donc j’ai hâte de passer à mon 3ème projet. C’est la dessus que je travaille actuellement.

Visuellement il y a 3 titres (« Deadline », « Folie », et « Rien à battre ») extrait de Deadline qui tournent sur différentes chaînes du web. Quelle importance accordes-tu à l’image aujourd’hui ?
C’est une arme en plus pour rendre la musique attractive. Je suis très cinéma à la base et j’accorde beaucoup d’importance au visuel que ce soit la Cover d’un album ou un clip. Sur DeadLine et Rien à battre j’ai commencé à travailler avec OddShot, nous sommes tous les deux dans une perspective d’évolution. Big Up à lui.

 » Je t’explique le pedigree je vis comme une passion destructible sans vouloir m’exhiber dans le cimentier de la frustration « . Comment faut-il comprendre cette phrase?
On a tous des priorités, faut savoir composer avec. Dans la vie, tu peux tout perdre. Mais il y a des choses qui resteront, pour certains c’est la musique. Je veux faire en sorte de ne pas faire partie de ceux qui regrettent d’être passé à coté de leurs envies.

Étant donné que tu crois avoir dépassé la Deadline Part 1, qu’est-ce que tu peux nous laisser comme indice à propos de Deadline Part2…?
Les morceaux sont sans doute moins doux. A l’heure actuelle on peut trouver Tolérance Zéro ou le Nerf de la Guerre sur mon SoundCloud.

Quel est l’objectif de  » Deadline  » Part 2?
Montrer une autre face de ma musique et clôturer l’épisode DeadLine.

Qu’est-ce qui tourne en boucle dans tes écouteurs en ce moment?
Plein de choses, des morceaux de Derek Wise, Drake, Future, Ye Ali, Kendrick Lamar , Wiz Khalifa etc… j’écoute les Suisses comme Di-meh, Makala, des artistes belges aussi, Caballero, JeanJass, Hamza, Damso et des compatriote comme Espiiem et Perso.

Peux-tu nous donner 3 raisons d’écouter ta musique?
Je suis trop mauvais VRP pour répondre à cette question, le mieux c’est d’écouter.
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